24 janvier 1814

24 janvier 1814


(Composition de Philippoteaux)

Le 24 janvier 1814, l'Empereur reçoit aux Tuileries les officiers de la Garde nationale de Paris. Ils ont promis de veiller à la sureté intérieure et extérieure de la Capitale. L'Empereur annonce qu'il part prendre le commandement des opérations. Il présente aux officiers le Roi de Rome et l'Impératrice : "je vous confie ce que j'ai de plus précieux, ma femme et mon fils".


Napoléon embrasse une dernière fois sa femme et son fils.

La régence est confiée a l'Impératrice, ayant Cambacèrès comme conseiller pour les affaires civiles, et le Roi Joseph pour les affaires militaires. Joseph commandera la Garde nationale (12 légions et 12 batteries d'artillerie). Le général Ornano commandera la Garde Impériale restant dans la capitale (10 000 hommes de la jeune et de la vieille garde) avec des cadres permettant de former de nouvelles unités (40 000 hommes), permettant la défense de la capitale.

L'Empereur passera en revue des détachements dont 1200 cavaliers sous les ordres du Général de Colbert.

Pendant ce temps :

Le 24 janvier, l'armée coalisée parut devant Bar sur aube, débouchant sur les routes de Clairvaux et Chaumont. L'armée française sous les ordres du Maréchal Marmont, s'y trouvait alors, et un combat sanglant s'engagea entre les deux armées, dans la plaine qui se trouve entre Bar et Lignol, tout pres du pont Boudelin, situé sur l'Aube, a environ un quart de lieue de la ville. On se battit avec un égal acharnement pendant plusieurs hueres, et en trois endroits différents : savoir : le pont Boudelin, à Fontaine, et dans le vallon dit Dardennes. Le malheureux village de Fontaine souffrit considérablement dans cette action, ayant été pris et repris trois fois. L'ennemi perdit beaucoup de monde : de notre coté la perte fut moindre. Les effeorts de l'ennemi ayant été vains pour nous faire abandonner la ville, nous gardames malgré lui, et pendant toute la journée, nos positions : ce ne fut que dans la nuit, a la faveur des ténèbres, que l'armée française, persuadée qu'il lui était impossible de résister à la superiorité du nombre sans exposer à sa destruction, opéra sa retraite qui se fit en bon ordre. Le lendemain, le Prince de Wrede, à la tête de sa colonne, format l'avant garde de la grande armée autrichienne, entra a Bar sur aube par la porte Saint-michel.

D'apres Invasion des troupes étrangères dans le département de l'Aube, par Pougiat, Troyes et Paris, 1833.


Vue du pont Boudelin
Photo Gabriel Grosley, la campagne de france dans l'Aube, 1972.

Le soir de la bataille, le Maréchal fait son rapport a l'Empereur :

"Ainsi que je m'y étais attendu, l'ennemi m'a attaqué aujourd'hui. Depuis 6 heures du matin, les tropupes étaient sous les armes et j'étais en mesure. Le 113ème avec deux canons, accupait le pont près de Dolancourt. Un régiment de vieille garde et trois pièces de position avaient pris poste sur le plateau entre proverville et Spoy. Le village de Fontaine était occupé par les chasseurs a cheval de la garde, un bataillon de vieille garde et 400 hommes de la 2ème division. Le reste des troupes était rangé en avant de Bar, sur la route de Chaumont. Mes éclaireurs occupaient Arrentières. Vers 11 heures, l'ennemi déboucha sur 2 colonnes, l'une par la route de Chaumont, l'autre par celle de Clairvaux. C'était une attaque réelle. On ne pouvait s'y méprendre à la profondeur des colonnes ennemies qui se présentaient devant moi. De fortes masses d'infanterie de la colonne venue de Clairvaux tentèrent de s'emparer du pont au dessus de Fontaine. Mon artillerie l'en éloigna. Trois fois Fontaine fut attaquée avec impétuosité, trois fois l'ennmi fut rejeté. Cependant Spoy n'avait pas encore été attaqué a la tombée de la nuit. Le général Letort avait reçu l'ordre de se replier de Colombey-les-deux-églises sur Lignol. Il fut suivi par le corps du Prince royal du Wurtemberg et une nuée de cosaques. Il vint se mettre en ligne avec nous, sa gauche dans la direction du plateau de Voigny, que j'avais fait occuper, et s'y est maintenu malgré la supériorité des forces qu'il avait devant lui...."

Pertes françaises : 500 hommes
Pertes alliées : 5000 hommes hors de combat
(information : la campagne de 1814 par J.P Houzé, tome 1)

Pougiat note également :

"A peine l'ennemi fut maitre de la ville/......./ il se livra au pillage et aux excès les plus inouis, tant envers les vieillards qu'envers le sexe, et en général contre tous les habitants. En un instant ceux-ci se voient dépouillés de tout ce qu'ils possèdent : ce qui n'était point susceptible d'etre emporté, comme les meubles et autres objets de prix ou non, enfin quelle qu'en fut la valeur, était soudain brisé ou jetté au feu. Eux-mêmes (les habitants), horriblement maltraités, furent contraint de fournir à discrétion tout ce qu'éxigeaient dix-huit, vingt, vingt-cinq, trente soldats, et souvent plus, que chacun avait en logement chez soi. Mais ce qui ne servit pas peu a augmenter le désordre et les souffrances de l'habitant, c'est que dans un pays tel que Bar-sur-aube et ses environs, ou les caves se trouvaient encore remplies de vin, le soldat était presque toujours dans un état d'ivresse. Personne n'osait sortir, sans être exposé à se voir dépouillé de ses habits au milieu des rues : les femmes elles-mêmes couraient le même danger. Une cinquantaine de maisons seulement, et des plus aisées, dans lesquelles se trouvaient quelques officiers superieurs, souffrirent un peu moins que les autres, bien cependant qu'elles aient été fort maltraitées. Cet état de choses dura jusqu'au 26 février, c'est a dire pendant tous le temps de la première occupation."

Objets provenants de la bataille de Bar-sur-Aube (collection personnelle)

En haut, trois ornements de patelette de giberne de la garde impériale, dont un modele en étain (haut a droite), certainement fondu dans l'urgence en 1814. Une couronne plus petite provenant sans doute d'une plaque de shako. Petite serpette provenant d'un paquetage de soldat. En bas a gauche, bouterolle de foureau de sabre d'oficier, deux boucles diverses et une balle de fusil.

Objets provenants de la bataille de Bar-sur-Aube, collection personnelle.

En haut a gauche, élément de poignée d'épée d'officier, bouton n°4 d'un régiment allié, bouterolle de cuivre de foureau de baionette, fragment de cuillère, écaille de jugulaire de shako, boutons d'uniformes dont des modeles ancien régime, un modele artillerie de marine, un 17ème de ligne, un 5ème de ligne, et des boutons petits modeles de la garde impériale.


Objets provenants de la bataille de Bar-sur-Aube, collection personnelle.

Bouton du 4ème d'artillerie, un gros modele de la garde impériale, deux boutons de type révolution, un 50ème de ligne, et un 6ème dragons. Deux fragments de fer a cheval et un clou de fer provenant sans doute d'un attelage.