Un livre sur les monuments du département de l'Aube
Page 1 sur 1
Un livre sur les monuments du département de l'Aube
Savez-vous que huit communes auboises ne possèdent pas cet élément indissociable du village français qu’est le monument aux morts ? Feuges, Les Granges, Pars-lès-Chavanges et Villeret n’ont, par chance, pas perdu d’enfant lors du grand massacre… Que Poligny sera l’un des prochaines à s’en doter, en 2015 ? Que Fravaux, Verricourt, Vougrey n’en possèdent toujours pas et que leur héros est commémoré par une plaque dans l’église ?
Passionné par le petit patrimoine aubois – il est déjà l’auteur de L’Aube des lavoirs, paru en 2002 – Dany Peuchot contribue à la célébration du centenaire de la Grande Guerre en éditant chez Paton en un gros volume une étude exhaustive des monuments aubois. L’auteur met en avant son « amour des monuments fleuris et pavoisés » comme un grand-père médaillé et survivant de Verdun.
Le mouvement commémoratif
« Ils ont majoritairement été élevés entre 1921 et 1924 », explique-t-il. Le 3 août 1919, cinq ans après la publication de l’ordre de mobilisation, la « Fête nationale de la reconnaissance envers le soldat français » secoue les bonnes volontés. L’État envoie à chaque commune un « tableau d’honneur » qui mentionne ses enfants tombés au combat : Dany Peuchot en a retrouvé dix-neuf dans le département pour l’instant…
Dans la foulée, une vague de construction commémorative va occuper la France de 1921 à 1923. Des souscriptions sont lancées. L’aide de l’État est sollicitée si la somme récoltée est insuffisante, et la commande est lancée. Le monument standard coûte de 3 000 à 5 000 francs. L’œuvre d’artiste ou d’architecte, plus rare, peut coûter de 10 000 à 25 000 francs : les sculpteurs Alfred Boucher, Camille Ravot, Louis Morel, Henri Martinet ou les architectes Gaston Viardot, Jacques Bauer ou Hugo sont sollicités…
La commune de Saint-Mards-en-Othe investit quelque 10 000 francs dans la seule sculpture : un marbre de Carrare commandé à la Marbrerie générale de Paris et signé Gourdon.
Plusieurs dizaines de monuments sont élevés dans l’Aube en quelques années ! Des plus modestes – un pyramidon – au plus complexes comme celui de Troyes orné par Louis Morel et qui comprend un ossuaire où ont été déposés des soldats morts dans les hôpitaux de la ville ou dans les convois qui les ramenaient à l’arrière.
En dépit de l’amertume de cet après-guerre, ils sont parfois très guerriers. Les communes qui en font la demande peuvent les orner de pièces d’armements saisies aux Allemands : canons de 77, mitrailleuses, crapouillots (mortiers) ou obus…
Archives et terrain
Avec méthode, l’homme s’est d’abord attaqué à la presse auboise de l’époque. Et elle est pléthorique, géographique, politique, syndicale, confessionnelle… Petit Troyen, Tribune de l’Aube, Écho Nogentais, L’Éclaireur de l’Aube… Il a goûté particulièrement les comptes rendus précis et circonstanciés de L’Express de l’Aube. Il a ensuite vérifié les délibérations des conseils municipaux. Puis il est allé à la découverte de ces monuments, de village en village et au moment des grandes commémorations pour les trouver fleuris, pavoisés, bichonnés.
Cette vague commémorative ne fut pourtant pas un long fleuve tranquille. Certaines communes s’émancipent de la commission départementale ad hoc. Pour avoir maintenu les inscriptions « Guerre à la guerre » et « Maudite soit la guerre ! » par trop pacifistes, Balnot-sur-Laignes est privée de l’aide de l’État. Et l’assume !
Ailleurs, souvent dans un vignoble assez rouge, il y a des frottements entre cléricaux et anti-cléricaux, tel ce maire d’une commune du Barséquanais qui refuse que l’évêque bénisse son monument. Gyé-sur-Seine et Champignol-lez-Mondeville transigent et en réalisent deux : un sur la place publique et un au cimetière. Souvent, les églises renferment des plaques commémoratives réalisées par la Sainterie de Vendeuvre et financées par la paroisse comme un monument chrétien.
Mais derrière les soins prodigués en cette année de centenaire, ce patrimoine est fragile. En 1940, déjà, les communes de Gyé-sur-Seine, Bercenay-en-Othe et Saint-Léger-près-Troyes sont privés par l’Occupant de statues qui figurent le Poilu foulant au pied l’aigle allemand… Plus inquiétant ces derniers mois, des ornements ont été dérobés comme ces obus de Bourguignons ou ce beau coq de bronze qui surmontait le monument de Proverville…
« Gloire aux héros de l’Aube »
14-18 – Les monuments qui les honorent », Dany Peuchot, Paton & Prod & Com, 450 p., 77 €. Disponible à la Librairie Savinienne, le Petit Troyen, Rapid’livres et Le Point du Jour, avant les librairies du département.
Prochaines dédicaces : Bar-sur-Seine vendredi 28 novembre, Traînel dimanche 30 au matin et Brienne-le-Château samedi 6 décembre.
Passionné par le petit patrimoine aubois – il est déjà l’auteur de L’Aube des lavoirs, paru en 2002 – Dany Peuchot contribue à la célébration du centenaire de la Grande Guerre en éditant chez Paton en un gros volume une étude exhaustive des monuments aubois. L’auteur met en avant son « amour des monuments fleuris et pavoisés » comme un grand-père médaillé et survivant de Verdun.
Le mouvement commémoratif
« Ils ont majoritairement été élevés entre 1921 et 1924 », explique-t-il. Le 3 août 1919, cinq ans après la publication de l’ordre de mobilisation, la « Fête nationale de la reconnaissance envers le soldat français » secoue les bonnes volontés. L’État envoie à chaque commune un « tableau d’honneur » qui mentionne ses enfants tombés au combat : Dany Peuchot en a retrouvé dix-neuf dans le département pour l’instant…
Dans la foulée, une vague de construction commémorative va occuper la France de 1921 à 1923. Des souscriptions sont lancées. L’aide de l’État est sollicitée si la somme récoltée est insuffisante, et la commande est lancée. Le monument standard coûte de 3 000 à 5 000 francs. L’œuvre d’artiste ou d’architecte, plus rare, peut coûter de 10 000 à 25 000 francs : les sculpteurs Alfred Boucher, Camille Ravot, Louis Morel, Henri Martinet ou les architectes Gaston Viardot, Jacques Bauer ou Hugo sont sollicités…
La commune de Saint-Mards-en-Othe investit quelque 10 000 francs dans la seule sculpture : un marbre de Carrare commandé à la Marbrerie générale de Paris et signé Gourdon.
Plusieurs dizaines de monuments sont élevés dans l’Aube en quelques années ! Des plus modestes – un pyramidon – au plus complexes comme celui de Troyes orné par Louis Morel et qui comprend un ossuaire où ont été déposés des soldats morts dans les hôpitaux de la ville ou dans les convois qui les ramenaient à l’arrière.
En dépit de l’amertume de cet après-guerre, ils sont parfois très guerriers. Les communes qui en font la demande peuvent les orner de pièces d’armements saisies aux Allemands : canons de 77, mitrailleuses, crapouillots (mortiers) ou obus…
Archives et terrain
Avec méthode, l’homme s’est d’abord attaqué à la presse auboise de l’époque. Et elle est pléthorique, géographique, politique, syndicale, confessionnelle… Petit Troyen, Tribune de l’Aube, Écho Nogentais, L’Éclaireur de l’Aube… Il a goûté particulièrement les comptes rendus précis et circonstanciés de L’Express de l’Aube. Il a ensuite vérifié les délibérations des conseils municipaux. Puis il est allé à la découverte de ces monuments, de village en village et au moment des grandes commémorations pour les trouver fleuris, pavoisés, bichonnés.
Cette vague commémorative ne fut pourtant pas un long fleuve tranquille. Certaines communes s’émancipent de la commission départementale ad hoc. Pour avoir maintenu les inscriptions « Guerre à la guerre » et « Maudite soit la guerre ! » par trop pacifistes, Balnot-sur-Laignes est privée de l’aide de l’État. Et l’assume !
Ailleurs, souvent dans un vignoble assez rouge, il y a des frottements entre cléricaux et anti-cléricaux, tel ce maire d’une commune du Barséquanais qui refuse que l’évêque bénisse son monument. Gyé-sur-Seine et Champignol-lez-Mondeville transigent et en réalisent deux : un sur la place publique et un au cimetière. Souvent, les églises renferment des plaques commémoratives réalisées par la Sainterie de Vendeuvre et financées par la paroisse comme un monument chrétien.
Mais derrière les soins prodigués en cette année de centenaire, ce patrimoine est fragile. En 1940, déjà, les communes de Gyé-sur-Seine, Bercenay-en-Othe et Saint-Léger-près-Troyes sont privés par l’Occupant de statues qui figurent le Poilu foulant au pied l’aigle allemand… Plus inquiétant ces derniers mois, des ornements ont été dérobés comme ces obus de Bourguignons ou ce beau coq de bronze qui surmontait le monument de Proverville…
« Gloire aux héros de l’Aube »
14-18 – Les monuments qui les honorent », Dany Peuchot, Paton & Prod & Com, 450 p., 77 €. Disponible à la Librairie Savinienne, le Petit Troyen, Rapid’livres et Le Point du Jour, avant les librairies du département.
Prochaines dédicaces : Bar-sur-Seine vendredi 28 novembre, Traînel dimanche 30 au matin et Brienne-le-Château samedi 6 décembre.
Sujets similaires
» Deux monuments vandalisés dans le département de l'Aube
» Monuments des tirailleurs, des Riceys (10)
» iNVENTAIRE des tombes et monuments de l'Aube
» Inventaire des tombes et monuments de l'Aube
» Les GVC du département de l'Aube
» Monuments des tirailleurs, des Riceys (10)
» iNVENTAIRE des tombes et monuments de l'Aube
» Inventaire des tombes et monuments de l'Aube
» Les GVC du département de l'Aube
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum