Expo sur l'Armée française en Afganistan à Reims

REIMS (Marne). Entre journal de bord et témoignage… Le photographe rémois Jean-Christophe Hanché dresse le portrait d'une section de combat de l'armée française sur le front afghan.



Des regards perdus dans le vague au retour d'une mission. Des visages marqués par l'anxiété et la fatigue à quelques minutes de l'assaut. Le doigt sur la gâchette, les yeux aux aguets lors d'une patrouille dans les ruelles d'un village… Des scènes du quotidien capturées par le photographe Jean-Christophe Hanché au contact des soldats du 7e bataillon de Chasseurs alpins de l'armée française en Kapisa (Afghanistan). Des tranches de vie de cette unité de combat exposées du 18 janvier au 1er mars prochain à l'espace exposition de l'hôtel de ville de Reims.

Au contact des soldats

Pendant plus de 50 jours, Jean-Christophe Hanché vit, dort - ou pas - mange, marche, souffre, respire… comme eux. Il partage leurs moments de stress, de peur… Il cotoie la mort, la frôle parfois, partage la tristesse de la perte d'un « frère d'armes »… Il photographie la réalité du quotidien de la vie de ces hommes - et femmes - partis six mois loin de chez eux. Ce n'est pas la première fois que Jean-Christophe Hanché va sur un conflit armé, « mais c'est la première fois que je vais avec l'armée sur un conflit », nuance-t-il.

Un choix animé par la volonté de comprendre. « Comprendre ce qui se passe au sein de l'armée. Voir ce que mon pays faisait là-bas. Comprendre ce que font ces jeunes là-bas. Comprendre les raisons de leur engagement »… C'est avec cette armada de questions que le photographe rémois s'envole pour l'Afghanistan au printemps 2011. Si Jean-Christophe Hanché arrive en terre inconnue sur le front afghan, une des zones les plus sensibles du pays, il y retrouve des hommes avec qui il s'est entraîné pendant 15 jours au camp de Bourg-Saint-Maurice.

« Cet entraînement m'a permis de voir si j'étais apte à tenir la distance. Mais c'était l'occasion de « rompre un peu la glace » et d'obtenir un peu de confiance de la part de ces hommes qui ne voient pas toujours d'un bon œil débarquer un journaliste dans leur rang. » Mais cétait aussi l'occasion d'expliquer sa démarche. Il n'était pas venu « pour faire « LA » photo qui tabasse, la photo choc. « J'étais là pour raconter ce qu'ils sont en tant qu'être humains, raconter une histoire ». Encadré par les militaires, le photo-reporter n'était pas pour autant en mission commandée : « J'ai bénéficié d'une grande liberté […] J'avais juste des consignes à respecter. Les transgresser aurait pu mettre en danger les troupes et n'enlevait rien à ce que je voulais faire ».

Des images fortes

Son souvenir le plus marquant : « la mort d'un soldat de la section, qui a sauté sur une mine ». Mais d'autres images resteront gravées dans sa tête. Comme la fuite des villageois à leur arrivée dans les villages. « C'était jamais bon signe… et en général ça s'est vérifié à chaque fois, on a essuyé des coups de feu », relate-t-il. L'absence du « paysage » « des hommes de 15 à 40 ans. On voit surtout des enfants et des femmes plutôt âgées ». Autant d'éléments qui rappellent la dure réalité de la guerre.

En rentrant, Jean-Christophe Hanché a compris beaucoup de choses : « Je pense que ma vision sur les militaires a changé. J'ai revu mon jugement sur pas mal de choses. Sur place, j'ai trouvé des jeunes (engagés pour 5 ans minimum) extrêmement matures, sérieux, consciencieux et responsables ».

De ce reportage est né un livre, intitulé « Kapisa - Afghanistan », aujourd'hui malheureusement épuisé. L'exposition visible à partir de vendredi et jusqu'au 1er mars est l'occasion de plonger en immersion à l'intérieur de cette guerre inachevée, « de parler de la vie de ces engagés autrement que quand l'un d'entre eux meurt », souligne le photographe.

Le vernissage de l'exposition sera accompagné d'une rencontre-débat le jeudi 17 janvier à 18 h 30 : « Qu'avons-nous fait en Afghanistan » avec le photographe J.C. Hanché et Gilles Grandpierre, journaliste à l'union/l'Ardennais. « Kapisa-Afghanistan », exposition du photographe rémois Jean-Christophe Hanché, du 18 janvier au 1er mars à l'Hôtel de ville de Reims.

source : L'UNION